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Allégorie prudence
Un loup, un lion, un chien
extrait de Opere italiane, Giordano Bruno (1548-1600), éd. G. Gentile
Un loup, un lion, un chien apparaisent,
À l'aurore, à midi, à l'obscure tombée du jour.
C'est ce que j'ai perdu, que je garde, que j'acquiers,
Pour autant qu'il s'est donné, se donne, se peut donner.
Pour ce que j'ai fait, que je fais, que j'ai à faire
Dans le passé, le présent et l'avenir,
Je me repends, me tourmente et reprends confiance
Dans la perte, la souffrance et l'attente
Par l'aigri, par l'amer, par le sucré
L’experience, le fruit présent, l'espoir
Me Menace, m'afflige, m'appaise.
Les ans que j'ai vécus, que je vis, que je vivrais
Me font trembler, me secouent, me caressent
Dans l'absence, la présence, le future lointain.
Trop longuement, trop constamment, assez longtemps
L'autrefois, le maintenant, le bientôt
M'ont voué à la peur, au martyr et à l'illusion.